Texte rédigé par Marco Richon en 2013 dans sa version originale (sans mises à jour !)
"What is past is prologue. Study the past!", ou "Pour comprendre le présent, étudiez le passé !"
Cet aphorisme impératif n'est pas une boutade : il est gravé dans la pierre à l'entrée du monumental bâtiment des Archives fédérales américaines de Washington. A méditer, car il est plein de sagesse et, comme disait le général de Gaulle, … les peuples qui n'ont pas de mémoire n'ont pas d'avenir !
Omega s'est inspirée de ces sentences pour s'efforcer de retracer, de documenter et d'illustrer au mieux sa genèse et son passé en sauvegardant et en mettant en valeur son patrimoine historique, de manière à mieux comprendre ce qu'elle est devenue aujourd'hui et prévoir, si faire se peut, ce que pourrait être son avenir. Cela, tout en lui permettant de légitimer l'affirmation et la revendication de son antériorité et de son esprit pionnier dans toute une série de compétences et de savoir-faire, qu'il s'agisse d'industrialisation, de précision chronométrique, de chronométrage olympique, de premières mondiales tant techniques qu'esthétiques, de distribution et de service après-vente planétaire ou de fiabilité incontestable de ses montres, même sur la Lune. Last but not least, qu'il s'agisse enfin de culture, avec l'inauguration en décembre 1983, du Musée Omega, premier musée horloger de marque du monde. Cela à l'initiative de la Fondation Adrien Brandt en faveur du patrimoine Omega, créée l'année précédente par Charles L. Brandt, dernier descendant de la dynastie fondatrice à avoir exercé une activité au sein d'Omega.
En trente ans d'existence, les collections du Musée se sont multipliées par 25, passant de 400 objets en 1983 à près de 10 000 aujourd'hui, dont près de 2000 sont exposés.
Parmi les acquisitions les plus marquantes, on citera la première montre-bracelet à répétition minutes du monde datant de 1892, la première montre de poche portant la marque Omega (1894), la montre de poche "Temple grec", lauréate du Grand Prix de l'Exposition universelle de Paris en 1900, le chronographe-bracelet de Lawrence d'Arabie (1915), la montre de poche joaillerie à répétition minutes du négus d'Abyssinie (1929), la première montre de plongée du monde (1932), le chronographe de poche des premiers JO chronométrés officiellement par une seule et même marque (1932), le chronomètre de bord détenteur des records du monde de précision 1933 et 1936, records restés à jamais inégalés, la Centenary du roi Frederick IX du Danemark (1948), la première caméra photofinish moderne (1949), la montre-bracelet de Soraya (1950), la Croix du Mérite Olympique honorant l'introduction du quartz dans le chronométrage des JO (1952), la montre-bracelet or de John F. Kennedy (1960), la première Speedmaster portée en orbite par l'astronaute Walter Schirra en 1962, le Snoopy Award décerné par la NASA en 1970 pour rendre hommage au rôle capital joué par ce chronographe dans le sauvetage de la mission Apollo 13, la statuette-pendulette La Prémonition des Tiroirs de Salvador Dalí de 1973, la Marine Chronometer de 1974, montre-bracelet à quartz la plus précise du monde, ou l'Omega Constellation platine joaillerie de 1958, record du monde des ventes aux enchères dans sa catégorie (2007).
Durant ces 30 ans, les montres du Musée Omega ont été admirées par quelque 100 000 visiteurs, dont de nombreux ministres, vice-ministres, ambassadeurs, princes et autres people des milieux politiques, économiques, scientifiques, sportifs ou artistiques, du recordman du monde du 400 m Butch Reynolds au No 1 chinois Jiang Zemin en passant par l'astronaute américain Deke Slayton, le cosmonaute russe Vladimir Djanibekov ou encore l'acteur anglais Pierce Brosnan, alias James Bond. Sans oublier une foule de journalistes, tant généralistes que professionnels; ce qui s'est traduit par la publication de largement plus d'un millier d'articles de presse et la diffusion de plusieurs centaines d'émissions de télévision sur les cinq continents. Où certaines d'entre elles, fréquemment prêtées aux distributeurs de la marque ou à d'autres musées, ont aussi été vues par des centaines de milliers ou peut-être même des millions de personnes. Ce qui a été tout bénéfice pour la réputation de la marque Omega dans le monde entier, mais encore pour faire connaître le nom de Bienne à l'étranger ou faire découvrir la ville, ses restaurants et ses hôtels et ses attraits touristiques par des cohortes de gens intéressés et intéressants.
Autre activité importante du Musée : l'édition et la contribution à la réalisation d'une quantité de publications, brochures, plaquettes, catalogues, films et autres ouvrages consacrés à l'histoire d'Omega, dont les livres Omega Uhren en 1990, The Moon Watch en 1994, A Time Capsule - Speedmaster en 1997, Omega Saga et The Omega Book en 1998, De l'Alpha à l'Omega et Omega Seamaster Stories en 2003, Omega Watches en 2005, The Master of Omega en 2006, Omega Sportwatches, Great Olympic Moments in Time et le volumineux Omega, Voyage à travers le Temps en 2007. Il a en outre prêté son concours à la rédaction de plusieurs thèses et mémoires de licence par des étudiants des universités de Neuchâtel, Zurich, St-Gall et Milan, ainsi qu'à une série de numéros spéciaux publiés par diverses revues professionnelles, comme le Chronos Spécial Omega paru en 2008.
Mais le Musée n'est pas seulement un instrument de conservation, de documentation, d'exposition et de relations publiques : il a également inspiré en l'an 2000 la création d'une nouvelle ligne, baptisée "Omega Museum Collection", dans laquelle ont déjà été reproduites neuf répliques, esthétiquement fidèles, mais techniquement modernisées, de modèles datant d'au moins 50 ans.
Voici encore un bref rappel de temps forts vécus par le Musée :
- début 1983 : suite à la création de la Fondation Adrien Brandt le 21 décembre 1982, Paul Peter, directeur général Omega, décide de créer un musée de la marque, au moment où l'avenir de celle-ci est des plus incertains. Un groupe de travail, animé par Jean-Claude DuPasquier (Ventes), Gaston Rode (Prototypes) et Marco Richon (Information), est chargé de sélectionner les montres, mouvements et autres objets dignes d'être exposés, de rédiger l'historique de la maison et les légendes des pièces présentées, ainsi que gérer l'équipement des locaux retenus en vitrines, éclairages, sécurité, etc.
- 16.12.1983 : inauguration de la première salle, au 1er étage nord du Foyer Omega, plus escalier et le hall (appareils de chronométrage), le tout en brun-beige
- 14-16.12.1984 : exposition "La Rose des Temps" (env. 5000 visiteurs)
- avril 1985 : extension de l'exposition à la petite salle sud du Foyer
- 19.09-19.10.1986 : exposition "Pierre Stampfli" (env. 3000 visiteurs)
- novembre 1985 - novembre 1989 : crises Omega et mise en veilleuse du Musée, dont les achats seront financés dès avril 1988 par la vente de tourbillons-bracelets retrouvés, remis en état et revêtus d'un habillage d'époque
- avril 1991 : nouvelle extension à la grande salle du Foyer, restructuration et "relifting" de toute l'exposition qui, de brun-beige, devient gris souris
- 17.10.1994 : création de la SAMO, à l'occasion des 100 ans de la marque
- 12-13.06.1998 : journées "Portes ouvertes" du 150ème anniversaire de l'entreprise (env. 10 000 visiteurs)
- 24.09.1998 : vernissage du livre Omega Saga (en français)
- 01.08.2002 : création d'une cellule Vintage destinée à répondre aux nombreuses demandes de renseignements et d'authentification
- mai 2003-septembre 2004: gestion du concours Autriche "Die Geschichte Ihrer Omega" (11 000 cas à traiter) ; suivront les concours Boutiques (2005), Chine et Mexique (2006) et Beverly Hills (2007), de moindre envergure
- 11 novembre 2004 : célébration du 20ème anniversaire du Musée Omega et du 10ème de la SAMO
- 2005-2006 : contribution active à l'organisation de la vente aux enchères thématique Omegamania, tenue à Genève les 15 et16 avril 2007 par la maison Antiquorum
- janvier-février 2007 : rénovation complète du Musée (peinture, gainage, éclairage)
- 18.07.2007 : lancement du livre Omega, Voyage à travers le Temps - Omega, Reise durch die Zeit - Omega, A Journey Through Time
- 25.09.2009 : commémoration du 25ème anniversaire du Musée
- 01.01.2010 : l'Américain Brandon Thomas, ex-expert de la maison de vente aux enchères Antiquorum, succède au conservateur Marco Richon, parti à la retraite fin 2009, et transforme radicalement la configuration du Musée qui, agrandi d'un tiers et ayant fait complètement peau neuve, est ré-inauguré le 3 mai.
- fin novembre 2011 : mise en service du nouveau site internet : http://www.omegamuseum.com
- septembre 2012 : départ de Brandon Thomas, qui est remplacé par le Grec Petros Protopapas, souhaitons-lui d'avoir toujours en tête l'adage du poète français Patrice de la Tour du Pin, qui disait "Les pays qui n'ont pas de légende sont condamnés à mourir de froid", et de continuer à entretenir le feu d'une marque légendaire pour que vive Omega.
Deux rappels utiles enfin :
La Fondation Adrien Brandt en faveur du patrimoine Omega a été créée le 21 décembre 1982 par le fils d'Adrien, Charles-L. Brandt*, dans le but d'illustrer et de perpétuer l'histoire de la marque de montre Omega, créée en 1894 par la Maison Louis Brandt et Frère, à Bienne. Pour ce faire, elle peut récolter, conserver, entretenir et préserver le plus possible d'objets en rapport avec l'entreprise et les montres Omega. Ces pièces peuvent servir de musée à l'entreprise qui exploite cette marque, mais elles ne peuvent pas être transférées hors de Suisse.
Son Conseil se compose de sept membres, soit deux représentants de la famille fondatrice, trois de la Bourgeoisie de Bienne et deux d'Omega SA.
Présidée depuis décembre 1991 par l'éditeur Marc Gassmann, la Fondation est actuellement propriétaire d'environ un cinquième, en valeur, du patrimoine exposé ou conservé au Musée Omega. Elle est également l'éditrice du livre Omega Saga, publié en 1998, année du 150ème anniversaire de l'entreprise.
* Adrien Brandt (1882-1955) est le fils de Louis-Paul (1854-1903) et le petit-fils de Louis Brandt (1825-1879), qui avait fondé l'entreprise en 1848 à La Chaux-de-Fonds. Avec son frère cadet César (1858-1903), Louis-Paul avait transféré cette dernière à Bienne en 1880 pour la transformer en une manufacture qui donnera naissance à la marque Omega en 1894. Adrien en assumera la présidence du conseil d'administration de 1914 à son décès en 1955. Quant à son fils Charles (1916-2007), il revêtira la charge d'administrateur-délégué d'Omega de 1968 à 1971, année où il sera promu président de son conseil d'administration, poste qu'il occupera jusqu'à son départ à la retraite en 1981.
La Société des Amis du Musée Omega - SAMO a été créée le 17 octobre 1994, année du centenaire de la marque, à l'initiative de Charles-L. Brandt et sous le patronage de la Fondation précitée. Elle a pour but de regrouper toutes les personnes désireuses de soutenir le Musée Omega ou de participer à son développement, à son rayonnement et à son enrichissement par le biais de leurs contributions, dons, subventions et legs, ainsi que par leurs travaux, témoignages et conseils. Elle a également pour objectif d'approfondir et d'affiner l'histoire de l'entreprise. Elle compte aujourd'hui près de 120 membres. Il s'agit essentiellement de retraités de la maison, qui représentent la mémoire vivante de son évolution et de son savoir-faire. Ses organes sont l'Assemblée générale annuelle, le Comité, présidés l'un et l'autre depuis mai 2024 par Jean-Jacques Némitz, ainsi que les Groupes de travail, animés par les membres les plus actifs et qui se sont spécialisés dans différents domaines (technique, esthétique, commercial, promotionnel, chronométrage, etc.). Leurs connaissances, expériences et souvenirs ont été jusqu'ici très utiles à l'enrichissement du Musée, ainsi qu'à l'élaboration et au contrôle des livres Omega Saga et Omega, Voyage à travers le Temps.